









Dans son exposition personnelle Tracker, inspirée par ses rêves lucides, Fiona Valentine Thomann évoque des façons d’habiter les espaces, qu’ils soient communs ou intimes, par des entités difficilement perceptibles mais qui revendiquent néanmoins une existence — comme par exemple le fantôme de données (data ghost).
Influencée par l’Internet des objets et l’ontologie orientée objet, elle joue avec différentes dimensions du son et de l’image dans son art. Son exposition Tracker permet de faire l’expérience de ces dimensions multiples grâce à l’utilisation de modèles 3D en réalité augmentée. Ces formes, dessinées librement dans l’espace numérique, ont l’aspect d’une idée, d’un geste, d’une chorégraphie. En plaçant le corps à l’intérieur de l’écran, elle explore de nouvelles relations entre l’art, l’espace et le temps, rendant son œuvre mobile, transportable, toujours avec vous dans votre poche.
Le public devient un élément central de son travail : il peut naviguer à l’intérieur des modèles 3D, tracer son propre chemin à travers Tracker, à la manière d’un jeu vidéo guidé par le joueur. La richesse des détails révélés fait que chaque expérience du modèle 3D est unique. Elle permet ainsi aux spectateur·ices d’explorer différents angles, de découvrir des liens inédits, au sein d’environnements numériques composés de sons et de textes.
Son travail permet une expérience à la fois mentale et physique des modèles 3D, rendus accessibles via des trackers. Ces trackers sont créés à partir d’un jeu photographique de captures d’écran, qui servent ensuite de textures au sein des modèles 3D. Cette approche cinématographique met en lumière la diversité des détails et textures utilisées, qui fonctionnent comme références mentales dans son processus. Il s’agit d’un patchwork de problématiques contemporaines auxquelles l’humanité est confrontée.
Dans ses modèles, on peut croiser aussi bien la roue des couleurs de peau humaine conçue par Neil Harbisson, le premier cyborg à ne voir qu’en noir et blanc mais à entendre les couleurs, que les bouteilles d’oxygène pur de la société canadienne Vitalic, prêtes à être expédiées depuis la Chine pour 20 dollars pièce.
Son œuvre interroge en profondeur ce qui nous est visible et ce qui nous échappe, soulignant la tension entre accessibilité et inaccessibilité de l’œuvre d’art.
Texte de Fiona Valentine Thomann et Milos Trakilovic
In her solo show Tracker, inspired by her lucid dreams,
Fiona Valentine Thomann evokes ideas of how communal
and private spaces are occupied or inhabited by entities
that are not easily perceivable but that nonetheless claim
an existence; for example the data ghost.
Influenced by the Internet of Things and Object
Oriented Ontology, she plays with various dimensions of
sound and visuals in her art. Her show Tracker allows for
such different dimensions to be experienced through the
usage of Augmented Reality 3D models. The shapes of
these models are freely drawn in digital space; they are
shaped like an idea, a gesture, a choreography. By placing
the body inside of the screen she examines different
relations of art to space and time, allowing for her work
to be mobile and transportable, always with you in your
pocket.
This makes the public a central component in her work,
they can surf inside her 3D models and make their own
trajectory through the 3D model Tracker much like video
games that are navigated by the gamer. The variety of
details that are thereby revealed make the experience of the
3D model different for everyone. She enables the audience
to explore different angles and discover different links in the
work through a plethora of sound and text that shape these
digital environments.
Her work allows you to experience both mentally
and physically the 3D models that are made accessible
via trackers. The trackers she uses are created through
a photographic interplay of screen-captures that serve
as textures inside her 3D model. Such a cinematographic
approach highlights the different details and the textures she
uses which function as thought references in her process.
They are a patchwork of different challenges human
kind faces in the world today. In her models you can find
anything from the wheel of human skin color made by Neil
Harbisson, the first cyborg that only sees black and white
and listen to color, to the Canadian company Vitalic’s pure
oxygen bottles ready to be send from China for 20 dollars
the bottle. Her work essentially questions what is visible and
the invisible to us, it underlines the simultaneous accessibility
and the inaccessibility of an artwork.
Text by Fiona Valentine Thomann and Milos Trakilovic
Tracker