











Queer Ducks (and Other Animals), ou La Trahison de la Vue
Dans Queer Ducks (and Other Animals), ou La Trahison de la Vue, Fiona Valentine Thomann orchestre un essai visuel percutant qui démonte les pièges perceptifs ancrés dans notre regard. Inspirée par le best-seller Queer Ducks and Other Animals d’Eliot Schrefer et par l’iconique La Trahison des Images de Magritte (« Ceci n’est pas une pipe »), l’artiste questionne la prétendue évidence de ce que nous voyons, en particulier lorsque nous observons les animaux à travers un prisme français, anthropocentré et binaire.
Cette série d’œuvres révèle comment, trop facilement, un rat devient un rat et un pigeon un pigeon, masculins par défaut, leur hétérosexualité supposée n’étant que le reflet de nos projections culturelles. Nous nous demandons rarement s’il pourrait plutôt s’agir d’une rate ou d’une pigeonne, ni ne leur accordons la fluidité et la complexité sexuelles que le livre d’Eliot Schrefer explore en détail. Thomann interroge ainsi notre façon de genrer et sexualiser les animaux, révélant une trahison subtile mais profonde de l’œil : voir n’est jamais neutre, mais saturé de stéréotypes et d’a priori.
Réalisées à l’aquarelle et à la gouache sur un fond noir profond, ces figures animales surgissent d’une obscurité qui n’est pas un vide, mais au contraire une plénitude mystérieuse, comparable à la matière noire ou à l’énergie noire : une présence que nous percevons sans jamais la saisir totalement. Les animaux adoptent des postures douces, empreintes de câlins et d’affection, qui contrastent avec l’image d’une nature supposée brutale. Ils sont peints avec les couleurs des drapeaux LGBTQIA+, comme les juments en bleu, rose et violet (couleurs du drapeau bisexuel), pour affirmer d’autres façons d’exister, au-delà des assignations hétéronormées. Ces teintes de la fierté apportent une tonalité joyeuse et ouverte sur un avenir inclusif et radieux.
Ces œuvres participent d’un projet sans limite, car Fiona Valentine Thomann envisage de prolonger cette série à l’infini, pour célébrer la richesse et la diversité de toutes les formes de vie présentes sur Terre.
Les titres, en écriture inclusive, portent eux aussi ce questionnement : « Ces giraphes ne sont pas hétéraes », « Ces juments ne sont pas hétéraes » , et si elles ne sont pas hétéraes, que sont-elles alors ? Par cette formulation, Thomann invite à déconstruire nos réflexes de catégorisation, et à accepter que la sexualité, humaine ou animale, ne se laisse pas réduire à de simples cases.
Avec Queer Ducks (and Other Animals), ou La Trahison de la Vue, Fiona Valentine Thomann nous propose non seulement de repenser notre langage et notre regard, mais aussi de reconnaître que la diversité du vivant reste, en partie, un mystère magnifique à préserver. Le·la visiteur·euse est ainsi invité·e à renoncer à ses certitudes, pour accueillir la liberté et la pluralité de ces subjectivités non humaines.
Queer Ducks (and Other Animals), or The Treachery of Sight
In Queer Ducks (and Other Animals), or The Treachery of Sight, Fiona Valentine Thomann orchestrates a powerful visual essay that dismantles the perceptual traps rooted in our gaze. Inspired by Eliot Schrefer’s bestselling Queer Ducks and Other Animals, as well as Magritte’s iconic The Treachery of Images (“This is not a pipe”), the artist questions the supposed self-evidence of what we see — especially when observing animals through a French, anthropocentric, and binary lens.
This series of works reveals how, all too easily, a rat becomes “un rat” and a pigeon “un pigeon”, masculine by default, with a presumed heterosexuality that is merely a projection of cultural habits. We rarely ask whether it might in fact be une rate or une pigeonne, nor do we allow for the sexual fluidity and complexity that Eliot Schrefer’s book describes in detail. Thomann thus questions our tendency to gender and sexualize animals, revealing a subtle yet profound betrayal of the eye: seeing is never neutral, but saturated with stereotypes and assumptions.
Painted in watercolor and gouache on a deep black background, these animal figures emerge from an obscurity that is not a void, but rather a mysterious fullness, comparable to dark matter or dark energy: a presence we can sense without fully grasping. The animals adopt gentle, affectionate postures, filled with tenderness and care, which challenge the stereotype of a brutal or violent nature. They are painted in the colors of LGBTQIA+ flags, for example, the mares in blue, pink, and purple (the colors of the bisexual flag), to assert other ways of being, beyond heteronormative assignments. These pride colors bring a joyful tone, open to a brighter and more inclusive future.
These works are part of a project with no fixed limit, as Fiona Valentine Thomann envisions extending this series infinitely, celebrating the richness and diversity of all life forms on Earth.
The titles themselves carry this questioning, using inclusive language: “These giraffes are not hétéraes,” “These mares are not hétéraes”, and if they are not hétéraes, then what are they? With this subtle provocation, Thomann encourages us to deconstruct our categorizing reflexes and to accept that sexuality, whether human or animal, cannot be reduced to simple boxes.
With Queer Ducks (and Other Animals), or The Treachery of Sight, Fiona Valentine Thomann invites us not only to rethink our language and our gaze, but also to recognize that the diversity of living beings remains, in part, a magnificent mystery to preserve. The visitor, regardless of identity, is thus invited to let go of certainties and embrace the freedom and plurality of these non-human subjectivities.