Calabi Yau

Video Calabi Yau with AR 3d model
Black Mirror
Black Mirror
Image used for the obsidian cutting process, also serving as the texture for the Calabi Yau 3D model visible in the AR FVT app.
Black Mirror
Calabi Yau exhibition view, Los 14, Mexico City


Calabi-Yau Space
2018
Détails : capture d’écran du modèle 3D .dae, «Calabi-
yau space» observé via l’application AR. ‘AR FVT’
(Google play/Apple store)
Details : screencapture of the 3D model .dae, ‘Calabiyau
space’ observed through the AR App. ‘AR FVT’
(Google Play /Apple Store)
Compo 1
Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR
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Série de huit collages digitale utilisés en textures
du modèle 3D de ‘Cabali-yau space’ en RA
Series of eight digital collages used as textures
of the 3D model of ‘Cabali-yau space’ in AR

‘Calabi Yau’ est une installation physique et en réalité augmentée (AR) présentée à Mexico, dans l’espace Los14, en mars 2018 par Fiona Valentine Thomann.
Son titre fait référence aux espaces de Calabi-Yau, des structures géométriques issues de la physique théorique et de la théorie des cordes, utilisées pour modéliser les dimensions invisibles de l’univers. Ces formes complexes offrent une manière de penser ce qui échappe à notre perception immédiate, comme les rêves, les mondes parallèles, ou les puissances invisibles qui nous traversent.
L’œuvre a reçu le prix New Positions à Art Cologne en 2019, en collaboration avec la galerie Priska Pasquer.

Cette œuvre prolonge une recherche continue sur le rêve lucide, amorcée avec la pièce ‘Tracker ‘en 2017, qui collecte des informations issues de voyages astraux. En combinant des techniques de méditation inspirées du cinéma et de l’astral, l’installation se vit comme un collage actif en réalité augmentée, composé d’impressions numériques et de roches d’agate sculptées en creux datant d’environ 30 millions d’années.

L’installation cherche à rendre sensible une forme d’hyperobjet, concept développé par Timothy Morton.
Un hyperobjet est une entité si vaste dans le temps et l’espace qu’elle dépasse notre capacité à l’appréhender entièrement, elle est là, partout autour de nous, mais toujours partiellement insaisissable.
Dans ‘Calabi Yau’, l’hyperobjet pourrait être toute l’agate du monde : ses origines géologiques, sa lente formation souterraine, ses usages spirituels et ornementaux à travers les siècles. C’est aussi toute l’obsidienne, matière volcanique noire et lisse, miroir rituel, tranchant sacré, présente dans les cultures précolombiennes, comme dans les rituels contemporains.
Dispersées dans le monde, ces pierres forment un réseau minéral-mémoriel qui nous dépasse. En les incorporant dans le code numérique de l’œuvre, l’artiste donne à sentir l’ampleur vibrante d’une matière vivante, une mémoire planétaire fragmentée, qui nous lie au minéral autant qu’à l’invisible.

Les pierres d’agate, considérées comme des vecteurs d’esprits ancestraux dans certaines cosmologies précolombiennes, sont ici traduites en données. Les utilisateur·ices peuvent scanner l’œuvre avec leur téléphone pour activer un modèle 3D en AR , une composition physique, numérique et minérale intitulée ‘Calabi Yau’ grace à l’application AR FVT créée par l’artiste.
De cette manière, l’installation met en lumière des pratiques autochtones mexicaines qui précèdent la période de l’Anthropocène, en écho au miroir de Tezcatlipoca, divinité nahua associée à la nuit, à la mémoire et à la vision intérieure à travers l’obsidienne noire.

Une fois le modèle 3D activé, les spectateur·ices peuvent naviguer à l’intérieur et explorer huit compositions numériques en collage. Ces visions sont inspirées de l’animalité, du rêve, et de la perception d’êtres autres, comme évoqué par Toni Morrison dans The Origin of Others.
À la page 38, elle écrit que l’être humain est toujours multifacette, et que « l’autre » n’est jamais qu’un miroir multiple de nous-mêmes.

Ces huit compositions se composent de portraits photographiques et de phrases extraites des œuvres de Toni Morrison et Chimamanda Ngozi Adichie. Ces deux autrices inspirent l’artiste dans une pratique méditative et sensorielle, où le quotidien se charge d’onirisme et de transformation.

Le deuxième élément physique de l’installation est une sculpture de 1,60 mètre intitulée “Air”, faite de métal et de pierre d’agate. Elle prend la forme géométrique sacrée d’un octaèdre, dont les proportions correspondent exactement aux mensurations de l’artiste, comme si le corps devenait espace ou structure cosmique.

Enfin, la troisième sculpture, intitulée ‘Black Mirror’, est un miroir d’obsidienne taillé dans la roche d’un volcan mexicain à Guadalajara.
Black Mirror invite les regardeur·euses à fixer sa surface pendant plusieurs minutes, dans un geste de concentration silencieuse. L’artiste y explore les façons dont la méditation, le rêve lucide et la projection astrale peuvent devenir des moyens de ressentir ce qui échappe au regard — la matière noire, l’énergie noire, l’invisible.

Cette pièce est gravée douze fois au jet d’eau d’un motif d’aigle bicéphale, un symbole ancien issu des cultures européennes, représentant l’union des contraires (ombre/lumière, matière/esprit, passé/futur) et la structure cyclique du temps.
Douze comme les heures d’une horloge, comme les mois d’un cycle, comme une cosmologie rythmée qui relie la pulsation intérieure à celle du monde.
L’aigle bicéphale est également tatoué sur le corps de l’artiste, devenu un emblème de sa mythologie personnelle et de sa capacité à voler dans ses rêves, à percevoir simultanément deux réalités opposées.

Dans les traditions de lithothérapie, l’obsidienne noire est connue pour absorber les énergies négatives et protéger des influences néfastes. Elle agit comme un bouclier énergétique, favorisant l’ancrage et la stabilité émotionnelle. Cette propriété renforce la dimension protectrice et purificatrice de l’œuvre, et invite à une exploration intérieure sécurisée.

‘Black Mirror’ est ainsi pensé comme un portail, à la fois surface et profondeur, miroir et matière, objet rituel et hyperobjet géologique, où le regard devient une clef pour accéder à d’autres formes de présence, de conscience et de connaissance.

Black Mirror fait également appel à l’ontologie animiste telle que pensée par Philippe Descola, selon laquelle les entités non humaines — telles que les pierres, les animaux ou les esprits — sont reconnues comme des êtres dotés d’intériorité et d’agency. Dans cette perspective, le miroir d’obsidienne n’est pas un simple objet, mais une présence vivante, capable de médiatiser les relations entre le monde visible et l’invisible.

Le titre évoque aussi la série Black Mirror, dans laquelle chaque écran devient un révélateur dystopique de nos technologies et de nos dérives collectives. Ici, le miroir d’obsidienne, matière volcanique millénaire, renverse cette perspective : au lieu d’un écran qui nous éloigne du monde, il propose un retour au sensible, une méditation sur la matière, le rêve et l’invisible, comme autant de réalités augmentées par l’imaginaire.

“Calabi Yau” is a physical and augmented reality (AR) installation presented in Mexico City, at the Los14 space, in March 2018 by Fiona Valentine Thomann.
Its title refers to Calabi–Yau spaces, geometric structures from theoretical physics and string theory, used to model the invisible dimensions of the universe. These complex forms offer a way to think about what escapes our immediate perception, like dreams, parallel worlds, or invisible forces that move through us.
The work received the New Positions award at Art Cologne in 2019, in collaboration with the gallery Priska Pasquer.

This work continues an ongoing exploration of lucid dreaming, which began with the piece “Tracker” in 2017, collecting insights from astral journeys. Combining meditative techniques drawn from cinema and astral practice, the installation is experienced as an active AR collage, composed of digital prints and agate stones dating back approximately 30 million years.

The installation seeks to make perceptible a form of hyperobject, a concept developed by Timothy Morton.
A hyperobject is an entity so vast in time and space that it exceeds our ability to fully grasp it, it is everywhere around us, yet always partly inaccessible.
In Calabi Yau, the hyperobject could be all the agate in the world: its geological origins, its slow underground formation, its spiritual and ornamental uses across centuries. It is also all the obsidian, black volcanic glass, ritual mirror, sacred blade, present in pre-Columbian cultures as well as in contemporary rituals.

Dispersed throughout the world, these stones form a mineral-memory network that surpasses us. By embedding them in the digital code of the work, the artist evokes the vibrant scope of a living material, a fragmented planetary memory that binds us to the mineral as much as to the invisible.

Agate stones, considered vessels of ancestral spirits in certain pre-Columbian cosmologies, are here translated into data. Viewers can scan the work with their phone to activate a 3D AR model, a physical, digital, and mineral composition titled Calabi Yau.
In this way, the installation highlights Indigenous Mexican practices that precede the Anthropocene era, echoing the mirror of Tezcatlipoca, the Nahua deity associated with night, memory, and inner vision through black obsidian.

Once the 3D model is activated, viewers can navigate within it and explore eight digital collage compositions. These visions are inspired by animality, dreaming, and the perception of other beings, as discussed by Toni Morrison in The Origin of Others.
On page 38, she writes that the human being is always multifaceted, and that “the other” is never more than a mirrored multiplicity of ourselves.

These eight compositions consist of photographic portraits and phrases taken from the works of Toni Morrison and Chimamanda Ngozi Adichie. These two authors inspire the artist in a meditative and sensorial practice, where the everyday is charged with dreamlike transformation.

The second physical component of the installation is a 1.60-meter-tall sculpture titled “Air”, made of metal and agate stone. It takes the sacred geometric form of an octahedron, with dimensions that match the artist’s own body, as if the body itself had become a cosmic structure or space.

Finally, the third sculpture, titled “Black Mirror”, is an obsidian mirror carved from volcanic rock sourced from a mountain near Guadalajara, Mexico.
Black Mirror invites viewers to gaze into its surface for several minutes, as an act of silent concentration. The artist explores how meditation, lucid dreaming, and astral projection might allow us to sense what escapes the eye, dark matter, dark energy, the invisible.

The piece is engraved twelve times by water jet with a motif of a bicephalous eagle, an ancient symbol from European cultures that represents the union of opposites (light/shadow, matter/spirit, past/future) and the cyclical structure of time.
Twelve, like the hours of a clock, like the months of a cycle, like a rhythmic cosmology that connects the inner pulse with that of the world.
The bicephalous eagle is also tattooed on the artist’s body, a symbol within their personal mythology, embodying the capacity to fly through dreams, to perceive two opposing realities at once.

In lithotherapy traditions, black obsidian is known for its ability to absorb negative energies and protect against harmful influences. It acts as an energetic shield, encouraging grounding and emotional stability. This property enhances the protective and purifying dimension of the work, inviting safe inner exploration.

Thus, “Black Mirror” is conceived as a portal, both surface and depth, mirror and material, ritual object and geological hyperobject — where the gaze becomes a key to access other forms of presence, consciousness, and knowledge.

Black Mirror also draws upon the animist ontology theorized by Philippe Descola, in which non-human entities, such as stones, animals, or spirits, are recognized as beings endowed with interiority and agency. In this framework, the obsidian mirror is not merely an object but a living presence, capable of mediating relationships between visible and invisible worlds.

The title also references the Black Mirror series, in which every screen becomes a dystopian reflector of our technologies and collective excesses.
Here, the obsidian mirror, an ancient volcanic material, reverses that perspective: instead of a screen that distances us from the world, it offers a return to the sensory, a meditation on matter, dreaming, and the invisible, as if each were an augmented reality shaped by the imagination.